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À quoi servent les images pour la conscience phonologique en Montessori ?

By 28 octobre 2024 Matériel 3-6 ans
Images pour la conscience phonologique ; conscience phonémique

Quelle est l’utilité des images de conscience phonologique en pédagogie Montessori ?

Pour développer la conscience phonologique des enfants, et ainsi préparer en douceur leur apprentissage de la lecture et de l’écriture, l’approche Montessori se base principalement sur le jeu d’analyse des sons, appelé également le jeu  « je devine ». Ce jeu est basé sur l’utilisation de petits objets.

Moins connu, le matériel des images de conscience phonologique peut cependant constituer un bon prolongement de celui-ci.

À quel moment introduire ce matériel et, surtout, dans quel but ? 

Les images de conscience phonologique viennent en prolongement du jeu d’analyse des sons

Qu’est-ce que le jeu d’analyse des sons ou le jeu « je devine » ?

Le jeu d’analyse des sons est pratiqué quotidiennement dans une classe 3-6 ans. C’est un jeu qui est exceptionnellement présenté sous une forme collective. Il est animé ET dirigé par l’adulte. Ce dernier se sert d’une petite boîte d’objets pour rendre l’initiation à la phonologie TRÈS attractive !

Le jeu d’analyse des sons est proposé quotidiennement par l’adulte dans les classes Montessori (et dans les autres classes qui s’inspirent de cette pédagogie) car :

1) L’automatisation de tout apprentissage se met en place grâce à un entraînement TRÈS RÉGULIER.

2)  L’adulte le seul initié  au « secret des mots » : il va, à travers ce jeu, donner à l’enfant le goût d’un nouvel exercice mental. C’est aussi pour cela que ce petit jeu est exceptionnellement collectif, les enfants s’exerçant plutôt individuellement d’habitude en pédagogie Montessori.

L’adulte est donc l’initiateur, celui qui va allumer la flamme d’un nouvel intérêt. Sa présence est nécessaire, au minimum, jusqu’à ce que l’exercice soit compris par l’enfant. Elle permet d’éveiller l’intérêt et l’entrain des enfants aux jeux de phonologie. L’intérêt de ceux-ci est allumé grâce à l’utilisation de petits objets que les enfants adorent découvrir.

Lorsque l’enfant est nourri d’entrain et de motivation par le jeu d’analyse des sons, lorsqu’il y assiste régulièrement au cours de ses journées de classe, il lui arrive fréquemment d’avoir envie de continuer à jouer, de continuer à exercer son oreille, en dehors de la présence de l’adulte.

 

Des petits objets vers des images

Pour que l’enfant puisse s’entraîner sans l’adulte, on ne lui confie pas la fameuse et précieuse boîte de petits objets. En effet, afin de garder une partie de son attractivité, grâce au mystère qui l’entoure, il est préférable que la boîte de petits objets reste dédiée à l’usage exclusif de l’enseignant.

Pour que l’enfant puisse s’exercer seul, il est alors possible,  de lui proposer un autre matériel, composé d’images qu’il pourra l’utiliser d’une façon autonome, sans la présence systématique de l’adulte.

Le matériel des images pour la conscience phonologique est mis à disposition de l’enfant sur l’étagère : il peut s’y exercer chaque fois qu’il le souhaite. Seul ou avec un camarade, les images vont lui permettre de s’entraîner à continuer à aiguiser son oreille, à apprendre à discerner les sons d’attaque  des mots de son environnement.

Description et utilisation du matériel des images de conscience phonologique

Le matériel est constitué de 21 pochettes : il en existe une pour chaque phonème simple de la langue française. Chacune des pochettes contient 5 images.

Lors de la présentation, l’adulte choisit 2 phonèmes clairement distincts. En effet, on ne va pas d’entrée de jeu proposer à l’enfant de s’exercer avec des sons très proches sur le plan auditif, comme /b/ et /d/, ce qui pourrait être source de confusion.

L’adulte sort donc les images contenues dans les 2 pochettes choisies, et montre à l’enfant comment les mélanger. Puis il place en haut de la table, d’un côté, par exemple, la pochette du phonème /a/ , et de l’autre celle du phonème /c/. L’idée étant que ces pochettes servent à organiser l’espace de tri de l’enfant en matérialisant des colonnes imaginaires.

images pour la conscience phonologique Montessori

Quatre étapes sont ensuite proposées à l’enfant :

  1. Prendre une image,
  2. L’observer, puis la nommer,
  3. Écouter par quel son commence le mot.
  4. Placer l’image sous la pochette du phonème correspondant.

À la fin de l’activité, 5 images doivent donc se trouver sous chaque phonème ; pas plus, pas moins. Cela peut être un petit moyen d’auto-contrôle de l’enfant : si la longueur des 2 colonnes obtenues n’est pas égale, c’est qu’il y a sans doute une erreur quelque part 😅

Un mot sur la posture de l’adulte

Mais attention à ne pas se focaliser sur les potentielles erreurs de l’enfant, ni sur la petite forme d’auto-contrôle suggérée ici : les erreurs sont normales, elles font partie intégrante de tout processus d’apprentissage ! L’erreur est le signe manifeste que l’enfant est en train d’apprendre et qu’il est en train de construire de nouveaux circuits neuronaux qui seront nécessaires à ses futures compétences.

Toute intervention de l’adulte, même bien intentionnée, pour désigner les erreurs de l’enfant ou même l’inciter à « faire plus attention » ou à « reprendre son exercice » peuvent, en effet, mettre à mal son élan intérieur, son appétence et son intérêt pour l’exercice. 

N’oublions pas que, dans tout apprentissage, le plus important est :

  • que l’enfant garde intacts sa motivation intrinsèque et son entrain à s’exercer, à avancer dans ses apprentissages.
  • que l’enfant s’exerce beaucoup ; (tout en commettant plus ou moins de nombreuses erreurs)

Le matériel est-il auto-correctif ?

En pédagogie Montessori, tout est fait pour que l’enfant soit autonome et qu’il puisse également corriger par lui-même ses erreurs.

Comme mentionné un peu plus haut, une forme d’auto-correction est déjà présente de par le nombre régulier d’images à exposer sous chacun des phonèmes (5) : si l’enfant se retrouve avec 7 images dans une colonne et 3 images dans une autre colonne, il dispose d’un indice d’erreur certaine.

D’autre part, le nom de chacun des concepts représentés par les images est présent au dos de chacune des cartes. Il est clair qu’à ce stade, l’enfant ne sait pas lire et que le seul indice parlant pour lui est la première lettre des mots.

Mais on peut montrer, éventuellement, à l’enfant qu’à la fin de son activité de tri d’images, il peut retourner celles-ci pour vérifier si, au sein d’une colonne d’images donnée, tous les mots commencent bien par le phonème choisi.

Voir à ce sujet le reel bien explicite de Up_and_smile.

Un matériel qui encourage l’autonomie et la confiance en soi

Revenons à nos images pour la conscience phonologique : au fur et à mesure qu’il s’exerce, l’enfant prend de l’assurance et un jour, peut-être, au lieu de travailler avec 2 phonèmes, il se risquera à prendre 3 pochettes, ou davantage encore…

Un éducateur d’école Montessori nous a d’ailleurs témoigné, un jour, que c’est avec ce matériel que des petites filles avaient déclenché la lecture : elles avaient en effet, dans leur enthousiasme pour l’exercice, sorti et mélangé le contenu des 21 pochettes, soit 105 images à trier au total !! Elles y avaient passé des heures, mais étaient ressorties victorieuses de l’exercice, avec une nouvelle compétence à la clé. Quelle fierté !

Inutile de préciser que, bien entendu, ce n’était pas l’éducateur qui les avait incitées à se lancer dans une telle tâche (nommée un « grand travail » en pédagogie Montessori) : elles avaient, comme il arrive relativement fréquemment en pédagogie Montessori, dépassé toutes les attentes de l’adulte.

L’importance de bien formuler la consigne

Dernière précision : ce matériel des images pour la conscience phonologique est basé exclusivement sur l’utilisation d’une consigne positive, car le cerveau de l’enfant ne comprend clairement que les consignes positives, c’est à dire les consignes qui ne contiennent pas de négation.

Par exemple, quand on gère une classe, plutôt que de dire à l’enfant « ne cours pas ! », il est plus probant de l’inciter à marcher dans la classe (voire à lui montrer l’exemple).

Pour revenir à nos jeux de phonologie, l’enfant doit pouvoir se demander, par exemple en prenant l’image du soleil, « est-ce que j’entends /sss/ lorsque je dis “soleil” ? » et le cas échéant, poser l’image du soleil sous le dessin de la lettre S.

Une consigne formulée de manière négative serait « lorsque je dis “soleil”, je n’entends pas /a/, donc je pose l’image du soleil sous la lettre A barrée qui signifie qu’on n’entend pas le son /a/ dans ce mot ». Comme vous pouvez peut-être le constater, les  consignes négatives font vite « des nœuds dans la tête » ! 😅

Découvrez vite nos images pour la conscience phonologique Montessori !

Belle journée à tous !

Agnès Putoud

Author Agnès Putoud

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